Benoit Schmutz-Bloch (CREST), avec Pierre Boyer (CREST), Germain Gauthier (U. Bocconi), Yves Le Yaouanq (CREST) et Vincent Rollet (MIT)
Nous proposons une théorie de la dynamique de protestation avec une technologie et une intensité de protestation hétérogènes. La capacité à se mobiliser en ligne réduit la probabilité d’échecs de coordination à la fois aux marges extensive (engagement) et intensive (violence). Nous construisons un jeu de coordination dynamique avec une substituabilité stratégique et un apprentissage endogène, et l’utilisons pour caractériser une séquence crowd-in-then-crowd-out dans laquelle les médias sociaux aident initialement à lancer des protestations massives, mais encouragent ensuite les factions radicales à devenir violentes, conduisant les modérés à quitter le mouvement. Cette séquence est illustrée à l’aide de données en ligne et hors ligne sur le soulèvement des Gilets jaunes de 2018 en France, dont le succès et la popularité initiaux ont été brusquement sapés par la violence dans les rues. Premièrement, les régressions spatiales confirment que les mobilisations en ligne et hors ligne se sont renforcées mutuellement au début du mouvement. Deuxièmement, notre analyse textuelle révèle que les conversations en ligne entre les manifestants se sont progressivement radicalisées. En utilisant une décomposition avec des effets fixes de discussion, de page et de période, nous montrons que (i) la moitié de cette tendance est due à des changements dans la composition des manifestants en ligne et (ii) les pages les plus radicalisées ont chassé les discutants modérés.