15 septembre 2025

Le vendredi 26 septembre 2025, Edouard Pignède soutiendra sa thèse, “Changement climatique, ressources naturelles et dynamiques démographiques en Afrique subsaharienne”.

 

Cette thèse se compose de quatre chapitres qui analysent les interactions entre les défis environnementaux auxquels sont confrontés les pays d’Afrique subsaharienne — notamment l’adaptation au changement climatique et l’exploitation soutenable des ressources naturelles — ainsi que les dynamiques démographiques et économiques qui les accompagnent.

Le premier chapitre analyse le lien entre les événements météorologiques extrêmes et les inégalités économiques en Éthiopie et au Malawi. En mobilisant une approche d’inférence causale innovante, qui étend la méthode des doubles différences à l’ensemble de la distribution des revenus, il met en lumière l’effet inégalitaire des sécheresses. Cette hausse des inégalités s’explique par la capacité des ménages les plus aisés à déployer des stratégies d’adaptation leur permettant d’amortir les pertes agricoles. À l’inverse, les ménages les plus pauvres, dépourvus de telles marges de manœuvre, subissent de plein fouet les effets des chocs climatiques. Ainsi, l’intensification attendue des événements extrêmes due au changement climatique pourrait accentuer fortement les inégalités dans les pays en développement.

Le deuxième chapitre s’intéresse à la migration comme stratégie d’adaptation au changement climatique. Ce dernier, en réduisant les ressources des ménages, limite leur capacité à migrer, piégeant ainsi les plus vulnérables dans des zones fortement exposées aux risques climatiques. À partir d’un modèle spatial quantitatif, ce chapitre évalue les conséquences économiques de cette mauvaise allocation géographique des populations. Il révèle que le changement climatique pourrait empêcher jusqu’à 30 millions de personnes de migrer, amplifiant ainsi ses effets économiques globaux et modifiant la géographie de ces impacts.

Le troisième chapitre examine les effets du changement climatique sur la santé, et plus spécifiquement sur la mortalité. À travers un modèle spatial quantitatif, il identifie les différents canaux par lesquels le climat influence la mortalité, tout en tenant compte des effets d’équilibre général et des mécanismes d’adaptation mis en place par les ménages. Les résultats montrent que le changement climatique pourrait être à l’origine de plusieurs centaines de milliers de morts supplémentaires en Afrique subsaharienne, principalement en raison de l’expansion des zones propices à la malaria et de l’augmentation de la malnutrition.

Enfin, le quatrième chapitre explore la relation causale entre l’exploitation minière artisanale, très développée en Afrique Sub-Saharienne, et l’urbanisation sur le continent depuis 1975. En utilisant des données satellitaires et des données géologiques sur la présence de l’or dans le sol, il montre comment l’exploitation minière artisanale a entraîné une urbanisation décentralisée, caractérisée par le développement de petites villes isolées. Ces villes sont caractérisées par un faible niveau de développement et des conditions vie dégradées. Cette urbanisation de mauvaise qualité pourrait être une autre dimension de la malédiction des ressources.

 

AgroParisTech, Campus Agro Paris-Saclay, 13h 30, Amphithéâtre B1. 01.